Où est Sidi Mohamed
BASIRI?
Les autorités espagnoles continuent sans donner d'informations sur le sort de Sidi Mohamed
Basiri, après 47 ans de son enlèvement à El Aaiún (Sahara espagnol). Les
autorités se cachent derrière la Loi d'Amnistie de 1977, qui perpétue
l'impunité et empêche les enquêtes sur les graves violations des droits de
l'homme du passé, particulièrement les crimes de torture, les disparitions
forcées et les exécutions sommaires. L'Association des Familles
des Prisonniers et Disparus Sahraouis (AFAPREDESA) exige que le gouvernement
espagnol abroge cette la Loi et mène des investigations sur le sort de Sidi
Mohamed Basiri et toutes les victimes de disparitions forcées et d'autres
crimes contre l'humanité perpétrés au Sahara occidental. Il convient de rappeler
que l'Espagne continue d'être, conformément á la légalité internationale en
vigueur, puissance administrante. Après 47 ans de silence et de secret, les
autorités espagnoles doivent révéler le sort de Sidi Mohamed Basiri et de
soutenir les familles de disparus sahraouis dans leur lutte pour connaître la
Vérité et d'obtenir Justice. Droits réaffirmés dans les traités et les
conventions des Droits de l'Homme, signés et ratifiés par l'Etat espagnol.
QUI EST SIDI
MOHAMED SID BRAHIM BASIR?
PÉRIODE D'ENFANCE
Mohamed
Sid Brahim Sid Embarec Basir plus communément connu par Basiri, né en Octobre
1944 dans la région du nord du Sahara occidental d'une famille religieuse et
certains de ses membres étaient responsables de l'administration de la justice
chaque fois qu'il y a un différend.
Durant
son enfance, comme tous les Sahraouis, il a étudié le Coran et les principes
religieux. Après plusieurs années de sécheresse, la famille a été forcée de
chercher de nouveaux pâturages pour leur bétail. C'est ainsi que la famille
s'est déplacée au Maroc où elle a construit une maison (école pour enseigner le
Coran et les principes religieux) dans une zone marocaine appelée Lakhsas où
Mohamed Basiri a continué l'école primaire et
le lycée, puis il s'est rendu au Caire (Egypte) où il a étudié à
l'Université de Azhar. Dans les dernières années de sa carrière et en raison de
sa situation économique, il a déménagé à Damas (Syrie) où il a terminé ses
études supérieures en obtenant un diplôme en journalisme.
PREMIERS EMPLOIS
Des
années plus tard, il est revenu au Maroc où il a fondé un journal appelé
(Chumuu) dans laquelle il a commencé à écrire des articles faisant allusion au
Sahara occidental et a critiqué les revendications marocaines sur ce
territoire, même dans l'un des derniers articles qu'il a écrit dans ce journal
il est dit que:
"Le Sahara n'a jamais été
marocain, le Royaume du Maroc ne peut justifier que le Sahara faisait partie du
royaume alaouite. Tout au long de l'Histoire, le Maroc n'a jamais envoyé au
Sahara occidental de gouverneur marocain ni les Sahraouis ont rendu allégeance aux Monarques marocains. Tout au plus, il n'y avait que des liens commerciaux
entre les marchands sahraouis et marocains ou la religion de l'islam, que les
deux peuples pratiquent ".
Ces éditeurs ont mis en colère les autorités
marocaines qui ont ordonné la recherche et la capture de Sidi Mohamed Basiri.
Il a été averti par un ami de la famille des intentions des services de
renseignement marocains de l'arrêter et même de le faire disparaître. Il a
passé quelques jours à se cacher dans une région inconnue et a ensuite quitté
le territoire marocain pour se rendre à la frontière du Sahara occidental où
vivaient ses oncles.
RETOUR
AU TERRITOIRE NATIONAL
Il est resté avec eux pendant huit mois et à cette
époque, son frère est venu du Maroc poursuivi egalement par les autorités de ce
pays. Tous deux ont envoyé des lettres aux autorités espagnoles demandant
l'entrée au territoire sahraoui. C'était en mars 1968.
Dans un premier temps, le gouvernement général de la
province du Sahara n'a pas donné suite aux demandes, en disant qu'ils devraient
attendre jusqu'à ce que les autorités les avisent, cependant, et à cause du
long délai, les frères ont décidé d'entrer sur le territoire et aller à la
ville de Smara, où vivaient la plupart de leurs parents.
La réponse des autorités du gouvernement général de la
province du Sahara ne s'est pas fait attendre. Les deux frères ont été arrêtés
et emprisonnés. Ils ont passé quelques jours à Smara avant d'être transférés à
Aaiún. Le gouverneur général de la province du Sahara n'a pas exclu la
possibilité de leur expulsion au Maroc. Cependant, les proches et les
personnalités sahraouies ont réagi avec indignation et ont informé le
Gouverneur de leur désaccord avec une telle décision, la jugeant injuste et
incohérente. Le gouverneur a ordonné la libération des deux frères en leur
accordant un sauf-conduit, renouvelable tous les six mois.
Il
est à souligner que les autorités du Gouvernement général de la province du
Sahara rassemblaient des informations sur eux, en particulier Sidi Mohamed
Basiri. Cet dernier dès son arrivée au territoire national avait pris contact
avec des personnalités sahraouies pour leur demander des données historiques
sur les luttes des Sahraouis à la fin du siècle dernier et au début de celle-ci
contre toutes les forces étrangères qui ont tenté d'envahir le territoire,
notamment la France, qui occupait les pays limitrophes. Il posait également des
questions sur les traditions de ce peuple et a commencé à enseigner l'arabe à
tous les jeunes et adultes qui le souhaitaient, bien que la situation
socio-politique n'était pas très prometteuse à cette époque, les autorités
marocaines ayant intensifié sa campagne à travers ses services d'information
(radio, presse), demandant l'annexion du territoire sahraoui. Simultanément,
les représentants marocains au sein de l'O.N.U. exposaient ces mêmes
revendications.
IDÉE D'INDÉPENDANCE
Ces
faits, ainsi que l'échec des autorités espagnoles, tant au niveau politique
qu'au niveau socio-économique, ont créé
au sein de la population et en particulier chez les jeunes, une atmosphère de
méfiance et d'incertitude, car le taux de chômage était très élevé et la seule
possibilité de travail consistait à s'enrôler dans les troupes nomades ou dans
la police territoriale, très difficile d'accès, ou dans les petites entreprises
qui se consacraient à l'asphaltage des routes (Cubiertas y Tejados, etc ...) et
qui étaient souvent temporaires.
Dans
l'entreprise des phosphates de Bucraa, il y avait aussi une minorité de
Sahraouis qui fournissaient leurs services. Mais dans toutes ces professions
les salaires étaient insuffisants, ne couvrant pas les besoins des familles
sahraouies. Les maisons étaient principalement des tentes et des bidonvilles.
Dans
le domaine de l'éducation, il n'y avait à Smara qu'une seule école primaire et
à Aaiún quelques écoles primaires et une école secondaire. A cette époque, il
n'y avait aucun Sahraoui universitaire.
Sur
le plan politique, il n'y avait que la dénommée Assemblée Générale Sahraouie ou
Yemaa. Cet organe manquait de capacité et ne se réunissait que de temps en
temps et ses délibérations n'étaient rien de plus qu'une simple formalité.
Face
à cet état de choses, Basiri a envoyé des lettres à l'Assemblée générale
sahraouie et au Gouverneur Général, les alertant sur la situation des manœuvres
marocaines et la faiblesse du peuple sahraoui devant eux, les exhortant à
rechercher des alternatives et la mise en service marche de programmes visant à
améliorer la situation sociale, économique, culturelle et politique dans
laquelle se trouvait la population.
Le
15 Novembre 1969, un groupe de jeunes Sahraouis avait capturé par la BBC deux éditoriaux
des journaux Gardian et Telegraf, qui
faisaient écho à la division Sahara entre le Maroc et la Mauritanie, et a
littéralement dit que de Boujdour au nord correspondrait au Maroc et de
Boujdour au sud correspondrait à la Mauritanie.
Ces
analyses ont profondément inquiété la population et les jeunes étaient disposés
à manifester pour demander des explications aux autorités espagnoles.
Cependant, Mohamed Basir n'a pas considéré les manifestations opportunes et a
rassuré les jeunes qu'il était préférable de fonder une organisation, à travers
laquelle toutes sortes de revendications pouvaient être canalisées.
Le
12/12/1969 l'organisation susmentionnée a été constituée sous le nom de Mouvement d'Avant-garde pour la Libération de Saguia
el Hamra et Río de Oro,
dont le secrétaire général était Basiri lui-même, élu par majorité des membres
de l'organisation, commençant ainsi des activités clandestines de
sensibilisation de la population et d'orientation des jeunes sur l'idée
d'indépendance.
Dans
les premières étapes, l'organisation a mobilisé la population en organisant des
cellules de maximum 5 personnes. Au fil du temps, l'organisation s'est répandue
sur l'ensemble du territoire national.
Lors
d'une réunion de la Direction de l'organisation, le secrétaire général proposa
que les pays voisins, notamment l'Algérie et la Mauritanie, soient informés de
tous les événements et même de l'existence de l'organisation, car selon lui,
les organisations de libération devraient bénéficier d'un soutien politique,
moral et même militaire, en particulier des pays voisins. Il donna comme
exemple de la révolution algérienne et du soutien qu'elle a reçu des pays
arabes, en particulier de l'Egypte. Rejetant tout rapprochement avec le Maroc car selon lui, ce
pays avait des revendications annexionnistes et donc on ne pouvait attendre
aucune coopération de lui.
Au
mois de mai 1970, deux lettres ont été envoyées aux Gouvernements algérien et
mauritanien, comme convenu précédemment. Pour sa part, le Gouvernement algérien
a répondu positivement, tandis que le Gouvernement mauritanien n'a pas répondu
en temps utile.
Le
4 juin 1970, les autorités espagnoles ont été informées par un confident de
l'existence d'une organisation clandestine qui revendiquait l'indépendance du
Sahara. Les autorités espagnoles ont été surprises, ont commencé à bouger et à
recueillir des informations sur cet événement. En même temps, elles ont
entrepris une campagne pour discréditer l'organisation susmentionnée en
l'accusant d'être un «instrument créé à l'étranger». Des préparatifs parallèles
ont été faits pour la célébration d'une grande manifestation en faveur de la
présence espagnole sur le territoire sahraoui. Pour sa part, l'organisation a
tenu des réunions, même avec les délégués provinciaux du Gouvernement Général
de la province du Sahara, les informant des revendications de l'organisation.
Dans ce contexte, l'organisation a dirigé un mémorandum de 12 pages, dans
lequel elle exprimait les revendications de l'organisation, notamment: « L'indépendance de l'État sahraoui tout en maintenant les liens et les
relations avec l'Espagne, basés sur les intérêts des deux peuples, le soutien
espagnol dans les forums internationaux pendant une période de transition,
ainsi que l'amélioration du niveau culturel et économique de la population. »
PÉRIODE DE
DÉTENTION
Le
17 Juin 1970 a eu lieu dans la ville d'Aaiún et plus précisément dans le
quartier de "Zemla" une grande manifestation de soutien à
l'organisation. En même temps, une autre manifestation organisée par les
autorités espagnoles s'est déroulée en faveur du maintienne du statu quo.
Les
autorités ont envoyé plusieurs émissaires à la concentration qui a eu lieu dans
le quartier de "Zemla" les exhortant à se réunir avec la
manifestation organisée par les autorités, la réponse de l'organisation était
négative avançant que la manifestation qu'elle a organisée est plus nombreuse
et que les revendications sont très claires et ne constitue pas non plus une
menace à la sécurité de l'ordre public, mais les autorités n'étaient pas
convaincues et l'après-midi a commencé le mouvements véhicules de police et la
pratique de plusieurs arrestations. Dans cette situation tendue, le gouverneur
de la province du Sahara arrive dans le quartier de "Zemla", où le
mémorandum lui a été remis dans lequel les demandes de l'organisation sahraouie
ont été exposées. Une heure et demie plus tard, plusieurs véhicules des Forces
de la Légion arrivent sur les lieux, et sans avertissement préalables,
commencent à tirer indistinctement sur la foule, causant des morts et des
blessés parmi les manifestantes et pratiquant des centaines d'arrestations.
Dans
ce contexte, Mohamed Basiri a été arrêté le même soir des incidents et il a été
détenu avec ses compagnons et dans une cellule individuelle de la prison
provinciale de El Aaiún jusqu'au 16 juillet, date après laquelle aucune
information n'a été reçue sur son sort.
Les autorités espagnoles continuent sans donner d'informations sur le sort de Sidi Mohamed Basiri, après 47 ans de son enlèvement à El Aaiún (Sahara espagnol). Les autorités se cachent derrière la Loi d'Amnistie de 1977, qui perpétue l'impunité et empêche les enquêtes sur les graves violations des droits de l'homme du passé, particulièrement les crimes de torture, les disparitions forcées et les exécutions sommaires. L'Association des Familles des Prisonniers et Disparus Sahraouis (AFAPREDESA) exige que le gouvernement espagnol abroge cette la Loi et mène des investigations sur le sort de Sidi Mohamed Basiri et toutes les victimes de disparitions forcées et d'autres crimes contre l'humanité perpétrés au Sahara occidental. Il convient de rappeler que l'Espagne continue d'être, conformément á la légalité internationale en vigueur, puissance administrante. Après 47 ans de silence et de secret, les autorités espagnoles doivent révéler le sort de Sidi Mohamed Basiri et de soutenir les familles de disparus sahraouis dans leur lutte pour connaître la Vérité et d'obtenir Justice. Droits réaffirmés dans les traités et les conventions des Droits de l'Homme, signés et ratifiés par l'Etat espagnol.