Inclusion des
territoires occupés du Sahara Occidental dans l’accord agricole liant l’UE au
Maroc : Un acte d’agression contre le peuple sahraoui, contre les arrêts de la Cour de Justice Européenne et contre la l'Egalité Internationale
Le Parlement Européen a adopté, le 16 septembre 2019, des
Accords entre l’UE et le Royaume du Maroc incluant les territoires occupés du
Sahara Occidental en violation de ses propres
valeurs, ses principes, sa justice, de la légalité africaine et de la légalité internationale. C’est le couronnement de tout un processus
entaché d’irrégularité et flagrant parti pris au profit de l’occupant marocain
et au détriment du peuple sahraoui, seul détenteur de la souveraineté
permanente sur ses ressources naturelles. Le Parlement européen vient donc de
donner son blanc-seing aux traités et aux autres accords et mesures qui
contreviennent à l'obligation de non-reconnaissance et/ou qui soutiennent la
poursuite de l’occupation et l’annexion illégale du Sahara Occidental.
Cette démarche n’a compté ni avec
le consentement du peuple sahraoui ni du Front Polisario, reconnu par l’ONU
comme représentant du peuple sahraoui.
Elle viole les arrêts de la CJUE et les avis juridiques de l’ONU et de
l’UA sur les ressources naturelles du Sahara Occidental. Plus grave encore, l’UE
se permet d’exclure arbitrairement les territoires libérés de la République
Sahraouie consacrant ainsi division du territoire imposée par le mur de la
honte. Ce qui porte atteinte à l’intégrité territoire du Sahara Occidental tel que
reconnue internationalement et viole l’Acte Constitutif de l’Union Africaine
(UA).
L’UE réitère qu’elle ne reconnait
pas la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental. Cependant, les actuelles
négociations et les conclusions avec le Royaume du Maroc des accords internationaux applicables au Sahara
occidental et aux eaux y adjacentes constituent en elles-mêmes une reconnaissance
de jure de l’intégration du Sahara occidental au Royaume du Maroc par
l’annexion opérée en 1976 et 1979, ce qui implique la reconnaissance de sa
souveraineté sur le territoire, les eaux intérieures et la mer territoriale du
Sahara occidental, ainsi que des droits souverains et de la juridiction que le
droit international confère à l’État côtier sur les zones maritimes qui se
trouvent au-delà de la mer territoriale[1].
C’est là une grave atteinte à
l’intégrité territoriale du Sahara Occidental tel que reconnue
internationalement aussi bien par l’ONU[2],
l’UA et même l’UE[3]. En outre, il faut rappeler que la résolution 2232 (XXI) du 20
décembre 1966 et la résolution 2357 (XXII) du 19 décembre 1967 des Nations
Unies ont réitéré que toute destruction de l’intégrité territoriale des
territoires coloniaux dans le processus de décolonisation est incompatible avec
les buts et les principes de la Charte des Nations Unies et la résolution 1514
(XV) de 1960 de l’Assemblée Générale de l’ONU.
La résolution des Nations unies sur la décolonisation
datant de 1960 est claire: le démembrement partiel ou total d’un territoire
avant la décolonisation est prohibé.
Rapport des Services de la Commission (SWD(2018) 346 final du 11.6.2018)
|
Or étant donné que les annexions
sont strictement prohibées en Droit International, l’UE viole son obligation de ne pas
reconnaître une situation illicite se rendant ainsi complice de sa perpétuation
et de ses corollaires en matière de violations de droits de l’homme.
L'agression, l'occupation et l'annexion marocaines d’une partie du territoire
du Sahara Occidental constituent une
violation grave du droit international, et le peuple du Sahara Occidental
conserve son droit à l'autodétermination conformément à la résolution 1514 (XV)
de l’Assemblée Générale de 1961[4]. Par
conséquent, le statut du Sahara Occidental est celui d'un territoire occupé,
tel que stipulé par l'AG ONU dans sa résolution 34/37 de 1979. Durant ces 43
années, le Maroc s’est livré à de multiples violations des droits de l’homme, y
compris le Génocide[5].
Au lieu de « Déclarer sans
équivoque que l'annexion du Sahara Occidental par le Maroc n’est pas et ne sera
jamais reconnue. »
Au lieu d’ « Interdire
toutes les actions qui, comme les investissements, pourraient soutenir
l'annexion, y compris le soutien à l'activité économique dans le territoire
occupé sous l'égide de la puissance occupante »
Au lieu de « Prendre des
sanctions à l'encontre de l'État occupant, le Royaume du Maroc, puisque
l'occupation (et l'annexion) viole le
droit international, y compris des sanctions allant jusqu'au gel des avoirs et
à l'interdiction de visa contre les responsables de l'annexion, ou qui en
tirent profit. »
Au lieu de « Prendre des
mesures visant à empêcher que le financement de l'Union provenant des fonds et
autres instruments financiers et de coopération bénéficient aux colonies de
peuplement et aux autres structures qui maintiennent une situation d’occupation
et annexion. »
Au lieu de « Publier des
informations destinées aux parties privées sur l’illégalité de tout
investissement ou activité économique qui ne se fait pas avec le consentement
du peuple sahraoui. »
Les institutions européennes viennent de démontrer au
monde entier qu’elles sont complices dans la perpétuation d’une activité
illégale appliquée de facto par l’Espagne et depuis de nombreuses années par
l’UE. A l’origine de cette nouvelle atteinte à la légalité internationale
l’antécédent des Accords Tripartites[6] de
Madrid entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie prévoyant le partage du
territoire entre ces deux derniers pays sans le consentement du peuple
sahraoui. Des clauses secrètes dudit accord prévoyaient, entre autres, le
« droit » de pêche dans les eaux adjacentes au Sahara occidental au
profit de 800 bateaux espagnols pour une durée de 20 ans selon les mêmes
conditions que celles existant le 14 novembre 1975[7]. La
connivence maroco-espagnole concernait
également le maintien de 35% dans l’entreprise FosBucraa sur l’exploitation des
mines phosphates de Bucraa[8].
L’UE encourage ainsi le maintien
et le renforcement de l’occupation marocaine au Sahara Occidental ainsi que la persistance des graves
violations des droits de l’homme. L’UE contribue aussi au financement
des colonies de peuplements marocains et encourage les autorités d’occupation
à poursuivre impunément les graves
violations des droits de l’homme et la violation du Droit International et le
Droit Humanitaire International. Ce qui prive peuple sahraoui à recouvrir ses
aspirations légitimes consacrées par la légalité internationale en vigueur, y
compris son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance. Elle
risque également de nuire irrémédiablement aux ressources hydrauliques des
nappes phréatiques.
Cette position
de l’UE démontre, si besoin est, la primauté des intérêts économiques et
politiques sur la promotion de la démocratie et les droits de l’homme.
|
[1] Voir point 194 des Conclusions de
l’Avocat Général de la CJUE dans l’Affaire C‑266/16
du 10 janvier 2018. http://curia.europa.eu/juris/document/document.jsf?text=&docid=198362&pageIndex=0&doclang=FR&mode=lst&dir=&occ=first&part=1&cid=350765#Footnote201
[2] Voir carte du Sahara Occidental sur
le site de l’ONU http://www.un.org/Depts/Cartographic/map/profile/wsahara.pdf
[3] Voir carte du monde, y compris le
Sahara Occidental avec ses frontières internationales.
[4] Article 1er de la
Résolution 1514 (XV) de l'ONU: " La sujétion des peuples à une
subjugation, à une domination et à une exploitation étrangères constitue un
déni des droits fondamentaux de l'homme, est contraire à la Charte des Nations
Unies et compromet la cause de la paix et de la coopération mondiales."
[5] Voir sentence des poursuites
judiciaires par l’Audience Nationale Espagnole du 9 avril 2015. https://ceas-sahara.es/wp-content/uploads/2017/12/Auto_procesamiento_sahara.pdf
[6] Ces accords sont illégaux. Analyse
de ces accords dans l’article du Professeur Carlos Ruiz Miguel https://www.clublibertaddigital.com/ilustracion-liberal/26/los-acuerdos-de-madrid-inmorales-ilegales-y-politicamente-suicidas-carlos-ruiz-miguel.html ,
[7] Voir Cortes (Parlement Espagnol), Journal
de sessions du Congrès des Députés d’Espagne, 1978, n° 15, p. 498 (discours de
M. Manuel Marín González, député du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol, par la suite vice-président et
président intérimaire de la Commission européenne). Voir également,
Alemany Torres, F., « Acuerdo de pesca con Marruecos », El País, 8 février
1978. https://elpais.com/diario/1978/02/08/economia/255740428_850215.html
[8] Voir réponse du Gouvernement
espagnol sur les inversions au Sahara Occidental pag.712 (BOCG, núm. 295, 18-6-98) https://web.archive.org/web/20070927024545/http://www.mae.es/NR/rdonlyres/626913F2-C7FD-402F-B9F2-93680DE20C25/0/J6.pdf
No hay comentarios:
Publicar un comentario
Nota: solo los miembros de este blog pueden publicar comentarios.